Les naufragés du Danemark 1/2

 

Partie de chasse…

Les aurores ne sont pas encore là que,remonté à bloc, je brille déjà de mille feux. Avec un collègue de l’atelier, nous sommes en Allemagne sur la piste d’un éditeur. Mon désir est d’atteindre les pays germanophones et anglophones avec “Rendez-vous dans la forêt” (hein? oui, oui, c’est un livre… mais une invitation aussi).

 

…dans un labyrinthe!

Mais le terrain de chasse qu’est la foire du livre de Francfort est plus vaste que je ne l’imaginais. Un labyrinthe géant sans issue. Tant de “on vous écrira!“ sans espoir où l’on nous propose poliment d’aller nous faire f… heu, d’aller voir ailleurs (mais oui, pourquoi pas chez les Grecs?). Je ne compte plus les impasses qu’on s’est ramassées!

 

Paumés…

Sonnés et minables, nous déambulons dans ces halles immenses aux couloirs interminables, sans plus trop savoir où aller, ou que faire… 

Mon collègue ayant encore un peu de force en réserve, un petit fond de “et pourquoi pas eux?” est reparti le répandre sur un autre stand au loin, me laissant seul avec mon découragement.

 

… et en panne
Je suis fatigué de ce safari d’amateurs, du bruit en continu de cette foule indifférente, de tous ces sourires glacés sur les pubs omniprésentes, lassé de tout ce cirque, j’ai besoin d’une pause.

Je me suis assis au hasard du chemin, à l’endroit même où je suis tombé en panne sèche de motivation. Occupé à fixer le vide, j’ai encore juste l’énergie pour une prière:

– Seigneur, viens à notre aide. On n’arrête pas de nous mener en bateau, pour aller nulle part. Je me demande si ça fait du sens d’être là…

 

Scandinavia

Pour ne pas me faire bouffer par ce détestable sentiment de perte de temps, je décide de bouger un minimum. Bah! Je vais me contenter d’admirer les pochettes de livres sur les présentoirs autour de moi. (Qui sait, elles  m’inspireront peut-être une nouvelle idée de dessin?)

 

D’un coup, mon regard s’accroche à une grande pancarte: “Scandinavia”… Elle trône sur le sommet d’un groupe de stands. Ils sont rassemblés sous un même toit. C’est juste en face de moi. Leurs ouvrages sont colorés, chaleureux, pile ce dont j’ai besoin. “Scandinavia” entre en résonance avec mes émotions nostalgiques pour le Danemark. Je n’y ai jamais mis les pieds et pourtant, j’ai aimé ce peuple.

 

With love from Denmark

Je me rappelle bien, ça m’était tombé dessus comme ça! J’ai suivi les nombreux clins d’œil divins sur mon 

chemin, qui m’ont permis de trouver un couple de traducteurs et même le saint graal: un éditeur! 

Nous n’avions pas lésiné sur les efforts et finalement,”Voldsom visdom”, (“Idées reçues” en danois) a vu le jour en 2006! Dingue! J’étais euphorique. 

Je m’imaginais en tournée dans ce pays pour rejoindre sa jeunesse.

 

Mais devant le manque de ventes, l’éditeur qui n’en avait imprimé que 1000 exemplaires, a finalement écoulé son stock en les donnant autour de lui. La déception a été à la mesure du coup de foudre.

 

 

Ce que je ne savais pas

Alors me retrouver ici, d’un seul coup, ça me rend tout drôle. C’est un sentiment semblable à celui que tu as quand à l’école tu es amoureux en secret d’une jolie fille, mais que tu n’a jamais pu le lui dire, que les années ont passé et que d’un seul coup, elle se pointe devant toi.

Alors que je suis perdu dans mes pensées, une très jolie blonde, l’archétype même de la fille du nord, m’interpelle. A son attitude, habits et insignes, je comprends qu’elle est liée au stand.

J’ai pu enfin partager mes sentiments à un représentant de ce pays. Que je leur avais même écrit une lettre d’amour sous la forme d’une traduction de BD. Je sort la BD de mon sac usé. Heureusement que j’avais pris avec moi une version anglaise d’Idées reçues” (“ juste pask voilà, on sait jamais”…!).

A la vue de la couverture du livre, la jeune scandinave perd son visage lisse et professionnel. Et pour la première fois, elle me regarde vraiment. 

-Mais? Je connais cette BD!!! L’auteur… c’est vous!?

s’exclame-t-elle. 

 

La suite dans un prochain email 

(pask ça fait un peu trop long là…)

 

Je sais, c’est terrible de couper l’histoire comme ça en plein suspense,

ça me le fait aussi pour des séries télé, ou pour le Danemark…

 

 

voire la partie 2


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