Monthly Archives: décembre 2024

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Malheur…
Tout ce détour de vie ne faisait pas partie de mes projets. D’autant plus que nous avons aussi dû annuler les spectacles à venir à Château d’oex, Aigle et Moutier. 
Cela représente beaucoup d'efforts d’organisation en vain et un manque à gagner non négligeable dans la situation précaire. 
À plus d’un titre, ce n’est pas facile à encaisser.
 
Bonheur…
À pas lents je monte en forêt et repense à tout cela. Je comprends que Dieu aime tellement les Jean-Christophe, Jean-Paul et tous les autres (oui, il y en a eu plein d’autres!) qu'Il tenait absolument à les rejoindre. Et oui, j’avoue, ce “malencontreux” détour était le meilleur moyen d’y arriver. 
Alors que ce soit pour cette tournée reportée ou pour l’Atelier, je lâche prise et décide de faire confiance.
 
Quoi qu’il nous arrive
C’est la qualité de relation avec Dieu qui compte, car elle embellit toutes les autres. Ainsi qu’elle que soit le chemin (prévu ou pas) il sera béni. J’ai déjà compris que Dieu s’intéresse davantage à nos cœurs qu’à l’accomplissement de nos projets.
 
Repos
Ça fait longtemps que Dieu me demandait de ne pas me biler pour mon atelier, en me disant qu'il se chargeait de tout. Je lui disais ok avec la tête, mais mon corps fabriquait des pierres de souci en douce.
Je n’ai plus mal. Ce repos forcé me fait beaucoup de bien.
 
Merci
Pour tous vos messages plein d’affection. Il y a parmi vous de véritable frères et sœurs en Jésus qui mon porté. J’ai eu aussi la surprise de vieux potes perdus de vue qui ont refait surface…
 

 
 



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Le grand départ
26 septembre 2024, hôpital de Toulon.
Deux ambulanciers suisses m'embarquent sur une civière. J'aurais voulu avoir plus de temps pour saluer et remercier le personnel soignant ; mais tout se passe très vite. 
Quelque part, il en est un peu comme la majorité des départs pour l’au-delà. Alors je me console en me disant que je n’ai pas manqué de les bénir durant mon passage. 
 
Quand la mer grandit
Fraîchement embarqué dans l’ambulance, je demande à mes anges gardiens si, exceptionnellement, on ne pourrait pas s'arrêter au bord de la plage. Je leur explique que je suis venu en rêvant de revoir l’immensité de la mer, du sable, du ciel sans y arriver. Qu’avant de partir, j’aurai voulu remplir mes poumons d’effluves marine, sentir le sable chaud sous mes pieds et… Mais bon, mes arguments de poète ne font pas le poids face au sérieux de leur planning. 
Si bien que le bord de mer n’en est que devenu plus grand.
 
Je reviendrais, terre de Toulon et environs, Hyères et Nîmes ! Oui, si Dieu le veut, je reviendrai et je sèmerai ma vie avec Jésus sur toi.
 
Retour à la maison
L’ambulance s'arrête devant ma maison. Je découvre avec joie les petites frimousses de ma famille et de l’Atelier qui dépassent de la porte d’entrée pour m'accueillir. Ils m’enlacent avec leur grands sourires et leur bras emplis de compassion.
Sur la table de la salle à manger trône un panier garni avec plein de produits improbables achetés par mes enfants pour me souhaiter la bienvenue. 
 
Par la fenêtre, les feuilles d’arbres du jardin et de la forêt rivalisent de couleurs jaunes et rouges sur fond de nuages gris. La pluie brouille le paysage avec son crachin sur la vitre. C’est l’automne et il fait froid, je vais me coucher.
Pour la première fois depuis le début de cette aventure, je dors vraiment.
 

 
Prière
Avez-vous déjà remarqué combien nous aimons plus ce qui nous manque que ce que nous avons?
Seigneur, merci pour les rêves que j’aimerai accomplir. Mais permet qu’il ne pâlit en rien du bonheur que j’ai déjà. Aide moi à m’émerveiller de mon présent, plutôt que de vivre dans le futur ou le passé.
 
A suivre…
 
 



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Ce texte est la suite de celui-ci
(je ne suis plus à l'hôpital si jamais)
 
Dernier cri
Hôpital de Toulon, c’est un après-midi calme. Le soleil guigne entre les rayons du store ouvert de notre chambre. J’ai la visite d’Henri, l'aumônier qui m’avait invité à jouer le spectacle de la Légende de Mi à Hyères. J’ai aussi la visite de Matthieu, son pasteur principal. Je lis en lui une grande douceur provoquée par l'érosion d’une grande épreuve.
 
Soudain, une médecin des pays slaves déboule en trombe dans la chambre. Elle est suivie de tout un personnel soignant. Elle se pointe directement auprès de Jean-Christophe pour le consulter. Le temps de dire “bonjour”, elle enfile ses gants bleu et sans plus de chichi lui manipule sa blessure. 
Le cris de douleur qui en résulte nous tétanise tous sur place. Après cette scèance de torture médicale, le patient est transféré à un autre service. Ni une ni deux, son lit est roulé hors de la chambre. Je l'entends hurler au loin dans les corridors de l'hôpital. C’est le dernier souvenir qu’il me reste de lui.
 

 
Dernier souvenir?
Le soir venu, couché sur mon lit, avant de m'endormir, je repense à tous mes précédents visiteurs et particulièrement à Jean-Christophe. Je prie pour qu’il n’ait plus mal. 
 
Quand je lui avais parlé de la Légende de Mi, il a été aussitôt sur internet pour en voir des extraits.
- Quand tu reviendras pour jouer ton spectacle, je viendrai te voir l’ami.
m'avait-il dit. Je me rappelle aussi de nos discussions sur Dieu. Il avait fini par me dire : 
- Tu sais que tu me fais envie de changer d’avis toi…?
 
Cette rencontre, les précédentes et celle à venir ne sont vraiment pas dues au hasard. 
Et si c’était le cas pour chaque personne que nous rencontrons?!
 
Peu de temps après, on m'amène Georges, un nouveau voisin.
 
Prière:
Seigneur, délivre-moi de la croyance au hasard, du sentiment de banalité et de l’incrédulité. Aide-moi à voir chaque personne qui m’entoure avec tes yeux. Et permet-moi de faire, ou plutôt d’être, celui que tu aurais voulu être pour lui.
 

 
A suivre…
 
 



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Jean-Christophe II
Le nouvel arrivant dans ma chambre d’hôpital a la peau tatouée et la gueule déformée par la douleur. Il est accompagné d’une belle femme qui essaie de l’aider au mieux. Accaparés par sa joue en feu et démesurément enflée, ils ne me calculent pas. Leurs dialogues à voix basse sont ponctués de réguliers pics de douleur du patient provoquant des sursauts d’insultes.
 
Le calme du soir et les sédatifs aidant, mon voisin refait surface. Petit à petit, il arrive à considérer son entourage. Sa copine est partie et…
- Salut, moi c’est Alain !
Via nos mésaventures respectives nous nous présentons et surprise : il s’appelle lui aussi Jean-Christophe ! (?)
Quand le lendemain, le Seigneur me redemande exactement la même chose que pour le précédent Jean-Christophe, je n’hésite même plus et lui lance :
- Est-ce que tu crois en Dieu ?
Mon nouveau voisin me répond :
- J’ai cessé d’y croire lorsque mon fils de 13 ans est mort !
Je suis sans voix, le premier Jean-Christophe m’avait dit la même chose (?!). Je ne dis rien de mon étonnement sur le moment pour mieux laisser ce clin d'œil Divin s’infuser en moi, une paix m'envahit doucement. Je souris intérieurement au Seigneur. Ces mots sont suivis de partages profonds.
 
Le chaos de la chance
Un souvenir en amène un autre, il me partage ensuite un autre cataclysme de sa vie. 
Après avoir été trahi, il perd femme, maison, argent et travail. Dégoûté, il prend les 2000 euros qui lui restent, se paie un billet pour le premier avion en partance pour l'Asie et disparaît. Sans plus aucun argent, il part pour l’aventure avec son sac à dos. Il est attiré par je ne sais quoi de plus profond que le sens de la vie qu’il menait jusqu’à maintenant. Alors, il s'est aussi mis en tête de visiter des vestiges de temples anciens perdus dans la nature. Chemin faisant, il est accueilli par des familles qui, bien que très pauvres, se privent de tout pour lui offrir un repas. Cela le bouleverse. Il réalise qu’il avait perdu sa vie à vouloir la gagner alors qu’il existe des valeurs plus grandes.  
A ce stade de l’histoire, je lui pose une seconde question :
- Avec le recul des années, ce drame que tu viens de me raconter, tu dirais que c’est un malheur, ou une chance ?
Troublé par ma question, Jean-Christophe réfléchit mûrement, puis avec un regard nouveau, il me lance sans hésiter :
- Une chance…!
 
Secoué par sa propre réponse, j’ai l’impression qu’il a conscientisé quelque chose d’important pour sa vie.
 
L’histoire avec mon voisin de chambre ne s’arrête pas là, mais je voulais terminer cet épisode sur cette surprenante conclusion de Jean-Christophe. 
 
Prière
Je sais, Seigneur, que la compréhension des épreuves ne s'obtient qu’avec le recul des années… Mais permet qu'au moins à chaque “malheur” qui nous arrive, nous puissions rester pleinement confiant en Toi, libéré de toute amertume vaine et autodestructrice…
 
 À suivre…
 
 



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