La bataille de Pontarlier

Du concept au concret

Sandrine vit une amitié avec Dieu, une relation qui la comble, lui apporte sécurité et équilibre. Elle est prof d’arts plastiques dans un lycée, mais pour elle, c’est bien plus qu’un gagne-pain. En effet, le destin de ses élèves et de sa ville lui tient réellement à cœur. Mais aucun manuel scolaire, aussi bien soit-il, ne pourra jamais leur transmettre cette étincelle divine qui donnera à leur vie tout son sens.

 

Alors, après mûres réflexions, elle m’appelle en renfort. Et pendant une année, chaque jour, elle demande à Dieu que mon passage puisse bouleverser positivement le train-train quotidien de Pontarlier (ça tombe bien je viens en train).

 

La mob

Le soir de mon arrivée, je remarque tout de suite les affiches de pub pour mon spectacle de samedi. Sur le coup, ça me fait plaisir… mais quand je prends conscience qu’elles sont partout, collées sur la porte de chaque commerce, alors là, ça me fait presque flipper. Même le journal et la radio locale sont sur le coup.

On établit notre QG à la cure catholique – puisqu’on y partage nos repas, tant qu’à faire… Mais je me rends compte que les principales dénominations chrétiennes de la ville sont toutes plus ou moins impliquées dans le projet et en parlent autour d’elles.

 

Le premier champ de bataille

Vendredi, je donne deux shows réservés aux élèves du lycée, dans un petit théâtre d’environ 150 places. Ça me fait une sorte de répèt’ générale pour samedi. Le matin, Sandrine et moi, on est sur place avant tout le monde. Il est tôt, mais l’adrénaline a déjà grave irrigué nos cerveaux. En attendant les lycéens devant cette salle encore vide, on ressent une angoisse qui monte et nous pousse à la prière (c’est ça ou flipper). Nous sortons et immédiatement croisons une rivière tumultueuse à proximité du bâtiment. Les mains au ciel, nous demandons à Dieu de se déverser sur les habitants de cette ville.

Si nous avions su alors ce que cette rivière allait charrier, on aurait peut-être modéré notre enthousiasme…

 

La contre-attaque 

Sur les rotules après ces deux premières représentations, j’enchaîne direct avec une séance de dédicaces dans le plus grand supermarché du coin en fin d’après-midi. Cette fois-ci tranquille, en mode décompression, je fais à peine du deux clients à l’heure. J’ai tout le temps de me remémorer la journée, il me semble que le message a fait mouche, que les jeunes ont bien croché. Satisfait du travail accompli, je m’assoupis derrière une pile de livres. A défaut d’attirer les clients, j’aurai eu au moins le mérite de les amuser.

A proximité, j’aperçois Sandrine en train de discuter avec un responsable de son école. Quand je lui demande si tout va bien, je comprends qu’il s’est passé un truc anormal. Il y a comme une ombre qui passe sur son visage, elle a la mine grave de ceux qui vont vous annoncer une mauvaise nouvelle.

– Alain, ton spectacle a déclenché une série de réactions négatives. Il a scandalisé et les religieux et les athées. Ces derniers disent qu’ils n’ont rien compris à ton message, que c’était du gros n’importe quoi !…

 

Cette nouvelle, tel un projectile de catapulte lancé par-dessus la muraille, je me la ramasse de plein fouet. Nous sommes tous les deux terrassés, écrasés, KO. Dans ma tête, je revois défiler les visages fermés des profs disséminés dans la salle de spectacles. incapables de se départir de leurs fonctions devant leur élèves pour se laisser emporter par le show, ils m’ont noté comme si je passais un examen.

 

Sur le coup, je reste sans voix, puis je me confonds en excuses, mais en vain. Le mari de Sandrine nous rejoint avec une petite cuillère (pour nous ramasser). Il fait des pieds et des mains pour nous remonter le moral autour d’une bonne pizza, mais rien n’y fait, nous restons la tête sous l’eau. On a beau s’accrocher à nos souvenirs positifs, nous sommes littéralement emportés par un raz de marée de découragement. Wow, la puissance de la critique…

Par instinct de survie, je lance une balise de secours à mon équipe de prière via WhatsApp. Je reçois aussitôt une parole qui m’empêche de sombrer :

– « Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse ».

Je la saisis comme une perche puis, plus pour me persuader moi-même que par conviction, je lance :

– Restons positifs, ces critiques sont l’occasion d’améliorer le scénario ! Et demain, il n’en sera que meilleur.

 

Le creuset

Le soir, je déambule seul dans les rues de Pontarlier que l’hiver a vidées de leurs passants. J’appelle le Seigneur, je recherche Sa pensée, mais ne ressens rien en retour. Je veux bien être persécuté pour une bonne cause, mais là est-ce le cas ?… Peut-être ai-je pris trop de libertés ? Ou suis-je choquant pour rien ?… Je remets en question mon spectacle. Je demande pardon et je supplie Dieu de me montrer si je suis sur une mauvaise voie… Que faire ? Je me sens nul et sans repère. J’aurais envie d’abandonner, mais le courage me revient lorsque je me rappelle que c’est Lui-même qui m’a demandé de me lancer dans les shows.

 

La nuit, le sommeil ne veut pas de moi. De trois heures à huit heures du matin, je réécris mes sketchs. Alors que le jour lance ses premiers coups d’œil par-dessus l’horizon embrumé, je longe la rivière, encore plus déchaînée qu’hier. Je lève les yeux au ciel pour mendier un réconfort et la force me revient petit à petit. Dans ma poche, je trouve une petite Bible et c’est à travers elle que je reçois comme un SMS de Dieu pour moi qui me dit qu’Il m’aime réellement et me souhaite une bonne santé. C’est hyper-simple, voire banal, mais venant de Lui, ça me soulage tellement que j’en ai les larmes aux yeux :

– Seigneur, j’étais inquiet de ton silence d’hier… Mais maintenant, c’est reparti !

 

Le réarmement

Je retourne sur le champ de bataille, heu… au théâtre, le plus grand de la ville, où j’ai rendez-vous avec le technicien. Cette fois, je suis face à 300 sièges avec un grand balcon. Je passe la journée à revoir mon numéro.

 

Je suis juste attendu pour une dédicace dans une librairie bien en vue de la rue principale, ça me fera une pause… Mais là, personne, je suis seul à ma table de dédicace au milieu de clients cherchant leur bonheur ailleurs. Oh purée ça fait mal, ça aussi… Le gérant, roi des bons types, m’achète un livre et m’assure que ce n’est pas par pitié, mais par un réel intérêt. Je retourne à la salle un peu titubant (la contrariété, ça saoûle), m’appuyant sur Dieu pour ne pas trébucher.

 

L’ange

Morgane, une jeune spectatrice, est déjà sur place, quatre heures en avance (!). Elle m’encourage comme elle peut, me paie un sandwich à la saucisse turque qui me réchauffe non seulement l’estomac, mais aussi le cœur (ils sont assez proches l’un de l’autre dans la même cage toraxique, c’est pour ça) me conduit à un bistro pour que je puisse réécrire encore et encore mon spectacle à l’abri de la pluie. Puis elle revient de temps en temps pour voir si je vais bien, me paie un café et se retire discrètement pour me laisser écrire. Les heures s’écoulent tel un torrent en furie, je n’ai pas le temps de tout revoir que me revoilà dans les coulisses. Le théâtre est plein à craquer !

 

Le spectacle

Je pense qu’il s’agit d’une belles performances puisque le public rit à gorge déployée. Les gens sont aussi profondément touchés, des commentaires pleuvent à verse, même plusieurs jours après le show. Remise en question personnelle pour les uns, « baffe existentielle » pour d’autres, et un instant de franche rigolade après une dure semaine de travail pour tous. Mais le meilleur, c’est que selon les gens du coin, la moitié de mon auditoire entendait l’Evangile pour la première fois !

 

Le lendemain, je suis orateur dans une petite église. Pendant le culte, je ressens fortement la présence de Jésus, beaucoup sont touchés par Lui. On prie tout spécialement pour Sandrine et son mari. Leurs joues ruissellent de larmes d’émotion et de guérison. Nous remercions le Seigneur pour le retournement de situation que nous venons de vivre, et Sandrine retrouve le courage de reprendre son travail et d’affronter ses collègues après ce week-end mouvementé. Pour elle, le combat continue.

 

Retour à la caserne

Sur le quai de la gare, ma tête déborde encore de tout ce que je viens de vivre. Heureusement que ce n’est qu’une expression, car si ça faisait de vrais flots, ça emporterait tous les voyageurs autour de moi. Le train entre en gare et je me fonds dans l’anonymat des passagers. Tel une aquarelle, le gris du ciel se mélange déjà avec le noir de la nuit lorsque j’arrive à la maison.

D’autres épreuves d’envergure m’y attendent dès le lendemain (décidément, on veut ma peau !). Mais je suis ragaillardi par cette aventure, cette récente victoire est là, quelque part en moi, tel un échafaudage solide qui me tient debout.

 

Ce matin, je me suis levé à 4 heures pour marcher dans la forêt. Je demande à Dieu plus de carrure à mes épaules, car c’est Lui ma force, ce ne sont pas mes victoires! Je prie tel un aspirateur levé au ciel pour de l’inspiration en faveur de « Rendez-vous dans la forêt 3 », le livre sur lequel je bosse. J’ai la pêche, l”envie d’en découdre!  Je vais en avoir besoin car d’ici deux semaines, je repars à l’assaut d’une autre ville de France avec le même spectacle.

 

Le 17 février prochain, je serai à Pau.

http://www.auderset.com/news/papa-show-a-pau

 

Le 3 mars, en Alsace, à Volgelsheim.

http://www.auderset.com/news/le-papa-show-vogelsheim

 

Le 15 mars, ce sera « La légende de Mi » à Estavayer-Le-Lac.

http://www.auderset.com/news/la-legende-de-mi-estavayer-le-lac

 

Une offre à ne pas rater :

Le DVD de mon précédent spectacle à 1/2 prix !!!

12.- CHF (9.60 EUR) au lieu de 24.- CHF

http://www.auderset.com/shop/product.php?id_product=79#

 

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